Anne-Cécile Brocq (IGE 2019)

 

« Réchauffement climatique », « dérèglement climatique », « effondrement de la biodiversité », dans les médias, les articles abordant la thématique de l’urgence écologique sont de plus en plus nombreux (1). Devant la multiplication des rapports et synthèses scientifiques (2) nous alertant sur l’état désastreux de nos écosystèmes, illustrés au quotidien par l’intensification des catastrophes naturelles et phénomènes météorologiques extrêmes, peut-on parler de prise de conscience dans la société ? Un sondage Ipsos/Sopra-Steria de septembre 2019 sur les préoccupations des Français place en tout cas la protection de l’environnement en première position des sujets d’inquiétude des répondants. Et en effet, tandis que la population fait entendre sa voix pour signifier son inquiétude, une multitude d’acteurs proposent des modèles innovants pour répondre à ce défi… alors que manque-t-il pour passer à l’échelle ?

 

UNE MOBILISATION CITOYENNE…

Dans la société civile, les initiatives éclosent. Depuis la signature des Accords de Paris par la majorité des pays de la COP (3) en décembre 2015, et face à l’inertie dont les gouvernements font preuve pour construire des plans d’actions en phase avec les engagements pris, la mobilisation investit le cortège citoyen.

Alors que les premières marches pour le climat, en France et dans le monde, ont eu lieu à un an d’intervalle, en septembre 2014 et août 2015 (4), elles se succèdent presque mensuellement depuis septembre 2018 ; dès février 2019, les étudiants français rejoignent le mouvement international baptisé « Fridays for Future » suite aux grèves scolaires lancées par Greta Thunberg en août 2018 en réaction à l’inaction du gouvernement suédois. Le « Manifeste Etudiant pour un Réveil Ecologique », initié par des élèves de grandes écoles françaises et signé par plus de 30000 étudiants en septembre 2018, marque la naissance d’un collectif qui s’est donné pour mission d’« accélérer la transition vers un modèle économique compatible avec les limites planétaires » (5). Ces milliers de futurs actifs, qui constitueront demain pour la plupart la force vive des entreprises, affirment leur engagement à adopter un mode de vie plus durable et exhortent les acteurs économiques et politiques à prendre leurs responsabilités pour transformer le système.

Au même moment, au Royaume-Uni naît le mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion. Ce mouvement mondial, qui s’organise autour du principe de résistance non-violente, a essaimé dans une soixantaine de pays. En multipliant les actions « coup de poing », les participants ont pour objectif d’entraîner une transformation des politiques environnementales pour accélérer la transition vers une société « post-carbone », bénéfique aux écosystèmes dans leur ensemble et à leurs occupants.

Dans la foulée, le 17 décembre 2018, quatre associations (6) entament un processus de recours judiciaire contre l’Etat français : c’est le début de « L’affaire du Siècle ». Associée à une pétition en ligne qui récolte un nombre historique de presque 2 millions de signatures en une dizaine de jours, cette campagne vise à poursuivre l’État en justice pour son inaction en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La signature des Accords de Paris en décembre 2015 ouvre en effet la porte aux procès contre les gouvernements, et les Français ne sont pas les premiers à prendre le chemin des tribunaux pour tenter de faire respecter leurs droits (7).

 

… DONT L’AMPLEUR NE SUFFIT PAS ENCORE POUR PESER DANS LA BALANCE

Tous ces exemples témoignent d’une volonté d’agir, mais restent minoritaires dans la population. Youth for Climate, mouvement international, a rassemblé 200000 jeunes en France le 15 mars 2019 ; Extinction Rebellion compte des implantations dans 60 pays, où se sont constitués des groupes locaux, et totaliserait 100000 militants dont 15000 en France (8). Les signataires du Manifeste Etudiant pour un Réveil Ecologique représentent à peine 8% des élèves de grandes écoles, et seulement 1% de la totalité des élèves de l’enseignement supérieur (9). Quant aux signataires de l’Affaire du Siècle, s’ils représentent 4.4% de la population adulte française (10), ils se heurtent aux limites de la démocratie représentative.

L’Etat français, comme d’autres, s’est certes engagé à agir pour la lutte contre le réchauffement climatique au travers des Accords de Paris, mais les horizons temporels n’incitent pas les responsables politiques à définir un plan d’action progressif et mesurable. L’engagement pris par la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (loi du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat (11)) implique de diviser par plus de 6 les émissions de gaz à effet de serre du pays, alors même que le budget carbone de la période 2015-2018, fixé par une Stratégie Nationale Bas-Carbone moins contraignante, a été allègrement dépassé (+65m tCO2eq / +3.7% (12)). Une telle ambition demanderait donc d’amorcer des changements drastiques que nos responsables actuels gardent à bonne distance, conscients qu’ils n’en seront pas tenus responsables dans 30 ans. François Gemenne, spécialiste en géopolitique de l’environnement, indique au micro de France Inter : « si François Hollande avait annoncé vouloir inverser la courbe du chômage en 2050, on lui aurait ri au nez » (13). La part des votes atteinte par Europe Ecologie Les Verts aux élections européennes de mai 2019 (13,48%) (14) n’est probablement pas étrangère à cette inaction.

Ainsi, le bilan climatique de l’année 2019 n’est pas à l’amélioration : 2019, une des années les plus chaudes dans le monde, et la plus chaude jamais enregistrée en Russie ; la plus chaude également en Australie, touchée par 5 fois plus de feux de brousse que la normale (15). Depuis septembre 2019, les incendies ravagent les forêts est-australiennes et déciment la faune qu’elles abritent. Un désastre écologique dénoncé par les associations (16) qui espèrent enfin une réaction de la part du gouvernement. Au contraire, empruntant le chemin du discours de croissance classique, le premier ministre australien a confirmé fin décembre gérer la crise climatique en continuant de s’appuyer sur l’industrie du charbon pour « faire croître [leur] économie » (17).

 

COMMENT CHANGER D’ECHELLE ?

La mobilisation actuelle ne suffit donc pas à faire changer le système. Comment atteindre la masse critique qui permettra de peser réellement sur les organisations ? Existe-t-il un « point de bascule » ? Et qu’est-ce qui pourrait transformer un mouvement marginal en « épidémie » sociale ?

Plusieurs théories, basées sur des recherches et des observations, ont été forgées sur ce thème.

Le mouvement Extinction Rebellion, par exemple, cherche à « [mobiliser] 3,5% de la population, seuil à atteindre pour déclencher un changement de système » (18), faisant référence aux travaux d’Erica Chenoweth. Au début des années 2010, cette chercheuse en politiques publiques et professeure à la Harvard Kennedy School étudie des centaines de mouvements visant à renverser des régimes politiques ou libérer des territoires. Elle constate non seulement que les campagnes non violentes sont plus souvent couronnées de succès que les campagnes violentes, avec un écart croissant depuis les 50 dernières années, mais vérifie aussi l’existence d’une « masse critique » dans ces mouvements : une mobilisation active et soutenue de seulement 3,5% de la population constituerait un seuil permettant aux gouvernements d’être renversés ou à un territoire d’être libéré.

Mais alors, les 4,4% réunis par l’Affaire du Siècle auraient-ils dû faire basculer la société ? Qu’est-ce qui distingue ces signataires des 3,5% identifiés par Erica Chenoweth ? La mobilisation nécessaire pour renverser un régime est qualifiée « d’active et soutenue ». En comparaison, par la nature même de son action, Notre Affaire à Tous réunit des citoyens concernés par l’urgence environnementale mais en partie attentiste, et considérant que l’impulsion du changement doit prendre sa source au niveau de l’Etat une fois sa responsabilité légalement reconnue. Si cette initiative est nécessaire, elle n’est probablement pas suffisante pour engager plus globalement une réforme des comportements permettant de créer un modèle compatible avec la durabilité des sociétés. Pour cela, il faudrait que la masse mobilisée arrive en quelque sorte à s’extraire d’un système verrouillé tel que celui que nous connaissons et puisse incarner une alternative à la fois (en)viable et attirante.

Se pose alors la question des moyens à mettre en œuvre pour mobiliser activement cette masse critique, des conditions à réunir pour atteindre un « point de bascule » : Malcolm Gladwell, journaliste et écrivain, s’est intéressé à cette notion étudiée en psychologie sociale (19). Il définit le point de bascule comme la conjonction de plusieurs facteurs permettant d’atteindre « un seuil, un point d’ébullition, le moment où une masse critique est atteinte ». Comparant les phénomènes de propagation d’une mode aux épidémies, il s’est penché sur leurs facteurs déterminants : « Toute épidémie est composée de trois éléments : les gens qui transmettent les agents infectieux, les agents infectieux eux-mêmes et le milieu dans lequel ils opèrent ». Dans le cas des tendances sociales, ces « agents de changement » sont respectivement appelés les « oiseaux rares », le facteur d’adhérence et le contexte.

Il met l’accent sur les « oiseaux rares », ces personnes dont les tempéraments très spécifiques vont leur permettre de jouer un rôle décisif dans la diffusion d’une tendance, qu’il s’agisse d’un produit ou d’une idée : « Les épidémies sociales […] sont déclenchées par les actions d’une poignée de gens qui se distinguent nettement de la masse par leur sociabilité, leur énergie, leurs connaissances ou leur influence ». Il dénombre ainsi trois types de personnalités : Les « connecteurs », les « connaisseurs » et les « commerciaux ». Les « connecteurs » sont ceux dont les compétences relationnelles sont si développées que leur cercle de connaissances leur permet de mettre en relation les personnes qui doivent, pour une raison ou pour une autre, se rencontrer. Ce sont ceux qui vont savoir rassembler les gens. Les « connaisseurs », experts dans leur domaine, ont à cœur de partager leur savoir et souhaitent fondamentalement aider les autres (20). Enfin, les « commerciaux » savent convaincre mieux que personne de leurs idées. Ils seront à l’origine de la propagation d’une tendance, pour peu que le contexte y soit favorable et que le message, suffisamment accrocheur, marque les esprits.

 

RÉINVENTER LA SOCIÉTÉ : QUELLES INITIATIVES EN FRANCE ?

Nombreux sont ceux qui tentent de proposer des modèles différents, avec pour objectif de recentrer l’expérience humaine sur les fondamentaux : richesse des relations interpersonnelles, respect pour le vivant, réinscription des humains au cœur de « l’écosystème Terre » … Tous ces modèles visent à réduire notre dépendance aux ressources finies de la planète et notre impact sur les espèces et milieux qui nous entourent. Dans son « Petit manuel de résistance contemporaine », Cyril Dion invite à mettre en pratique ces initiatives qui nous permettront de « construire un monde dans lequel nous voulons vivre », à l’échelle individuelle, collective et politique. L’objectif : proposer des exemples d’alternatives qui viendront « frapper les imaginaires », retenir l’attention – ce qui pourrait correspondre au « facteur d’adhérence » de la théorie de Gladwell.

C’est notamment sa démarche qui a inspiré la création du mouvement « La Bascule », initié par Maxime de Rostolan. Ingénieur de formation, ce dernier s’est d’abord engagé dans la transition agricole en fondant la plateforme de financement solidaire BlueBees en 2011 et l’initiative Fermes d’Avenir, qui s’appuie sur la permaculture, en 2013. Il constate le verrouillage des institutions après les Etats Généraux de l’Alimentation de 2017. Certains articles de la loi associée, favorables à un système agricole plus durable, ont finalement été rejetés par le Conseil Constitutionnel. Face à ce qui représente pour lui un « dysfonctionnement démocratique » (21), début 2019, il décide de réunir ceux qui le souhaitent à co-construire un mouvement qu’il qualifie de « lobby citoyen », La Bascule (22). Son objectif : faire naître une « lame de fond citoyenne pour inverser le rapport de force » (21) entre citoyens et institutions. Dans la lignée de la vision de Cyril Dion, ce mouvement propose d’agir aux niveaux individuel, collectif et politique. Il s’agit de construire à la fois un lieu de vie, où se rassemblent ceux qui souhaitent « réinventer » une société plus résiliente, et une force d’action au soutien de toutes les initiatives visant à accélérer la transition écologique, sociale et démocratique. Permettra-t-il à la transition vers un monde plus soutenable de passer à la vitesse supérieure en France ? Le mouvement, qui rassemblait début 2020 une  trentaine de personnes à temps plein, reste pour l’instant confidentiel, mais comme le souligne Gladwell, quelques détails suffisent à rendre une situation propice à l’explosion d’une épidémie.

Pour construire des alternatives, il est nécessaire de disposer de nouveaux récits, de stimuler la créativité autour de ce que pourrait être la société. De son côté, l’équipe de l’Institut des Futurs Souhaitables se définit comme une « école de la réinvention ». Autour de 150 experts « très humanistes » – par opposition aux transhumanistes, Mathieu Baudin propose des formations visant à réhabiliter le « temps long » et utiliser la prospective pour imaginer ce qui sera, demain, une société désirable. Il utilise, lui, la notion de point de bascule pour décrire le « seuil critique au-delà duquel l’irréversibilité est engendrée » (23) – terme qu’il emploie pour parler des ressources qui ne seront plus disponibles en quantité suffisante à horizon 2030 pour satisfaire la demande de notre société. Il s’engouffre par la même occasion dans la brèche de la nécessaire transition écologique, mais en passant par l’imagination, en utilisant la « contrainte créatrice » pour répondre au défi qui s’impose à l’humanité et « inventer une vie heureuse d’être ensemble ». En jouant sur tout ce que nous avons à gagner à construire un avenir enthousiasmant, l’Institut des Futurs Souhaitables construit des messages accrocheurs qui pourraient bien constituer le « facteur d’adhérence » de la théorie développée par Gladwell.

Au croisement de la formation et de l’expérience de vie alternative est né en 2018 le Campus de la Transition, en Seine-et-Marne (24), sur un modèle proche de ceux du Schumacher College (25), dans le sud de l’Angleterre, et du Sustainability Institute, en Afrique du Sud (26). Jeunes diplômés comme entreprises y sont accueillis pour apprendre comment poser les bases de la transition vers un futur équitable et durable, à travers des formations mais aussi en participant à la vie du domaine de Forges où le campus a pris place. Ce projet est un autre exemple de la multiplicité des initiatives qui donnent à entrevoir comment peut s’ouvrir le champ des possibles, et invitent la société à « basculer ».

Quelle va être l’étincelle qui mettra le feu aux poudres des comportements durables ? Qui seront les connecteurs, les connaisseurs, les commerciaux décrits par Gladwell dans la transformation vers une société durable ? Qui lancera les futures tendances low-tech, valorisera la beauté et la légitimité des écosystèmes naturels dans laquelle nous évoluons ? Comment rendre désirable pour le plus grand nombre un mode de vie basé sur la sobriété matérielle pour se recentrer sur l’essentiel ? A l’heure où les scientifiques eux-mêmes, découragés par le manque d’ambition des mesures politiques, appellent à la désobéissance civile et au développement d’alternatives (27), tout reste à faire, et c’est un formidable moteur pour tous ceux qui ont envie d’agir dans cette direction.

 

 

Sources

  1. Europresse (consulté le 28/12/2019)
  2. GIEC – rapport spéciaux : Conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C (octobre 2018) ; Changement climatique et terres émergées (août 2019) ; L’océan et la cryosphère (septembre 2019) / IPBES – Rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques (mai 2019)
  3. https://unfccc.int/process/bodies/supreme-bodies/conference-of-the-parties-cop
  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marche_pour_le_climat_(France)
  5. https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/qui-sommes-nous/
  6. Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France, Notre Affaire à tous et Oxfam France
  7. https://www.actu-environnement.com/ae/news/Climat-Cour-appel-La-Haye-confirme-condamnation-historique-Pays-Bas-32146.php4
  8. https://www.franceculture.fr/environnement/extinction-rebellion-quelles-idees-pour-convaincre
  9. https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid146031/previsions-des-effectifs-dans-l-enseignement-superieur-rentrees-2019-et-2020.html
  10. https://laffairedusiecle.net/petition/?utm_source=ads&utm_medium=stickybuttonsite et https://www.insee.fr/fr/statistiques/1892086?sommaire=1912926
  11. https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2019/11/8/TREX1911204L/jo/texte
  12. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/suivi-strategie-nationale-bas-carbone
  13. La Terre au Carré, 30 décembre 2019
  14. https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Europeennes/elecresult__europeennes-2019/(path)/europeennes-2019/FE.html
  15. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/01/04/australie-cinq-fois-plus-de-feux-en-nouvelle-galles-du-sud-en-2019-que-lors-d-une-annee-ordinaire_6024773_4355770.html
  16. https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/03/incendies-en-australie-un-drame-ecologique-sans-precedent-pour-la-faune_6024653_3244.html
  17. https://www.latribune.fr/economie/international/feux-en-australie-le-premier-ministre-ne-lachera-pas-l-industrie-du-charbon-836038.html
  18. https://extinctionrebellion.fr/qui-sommes-nous/#note-2
  19. The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference, Malcolm Gladwell,, Little Brown, 2000
  20. Gladwell utilise le terme « Maven », dérivé du Yiddish meyvn ; plus qu’un connaisseur, le « Maven » est quelqu’un qui s’est spécialisé dans un domaine très pragmatique, et qui va chercher (c’est son côté « social ») à aider son entourage en partageant son expertise https://momentmag.com/jewish-word-maven/
  21. https://www.hybrides.fm/episodes/episode-007-maxime-de-rostolan
  22. https://la-bascule.org/
  23. https://www.youtube.com/watch?v=bdKkrxOFGRg
  24. https://campus-transition.org/le-projet/
  25. https://www.schumachercollege.org.uk/about, créé en 1990 par Satish Kumar
  26. https://www.sustainabilityinstitute.net/about/who-we-are, créé en 1999
  27. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/20/l-appel-de-1-000-scientifiques-face-a-la-crise-ecologique-la-rebellion-est-necessaire_6030145_3232.html

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