Article de Maud Delage (IGE 2019)
Aujourd’hui, 80% des Français disent avoir changé tout ou partie de leurs comportements de consommation pour en réduire l’impact d’après le baromètre Greenflex 2019.[1]
Surconsommation : quelques chiffres
A quoi correspond la surconsommation en France ? En moyenne, 88% des Français changent leur téléphone tous les deux ans sachant que 25% seulement des smartphones sont recyclés. Chaque foyer possèderait une centaine d’équipements électriques et électroniques dont plusieurs seraient utilisés moins d’une fois par an.[2] Toutefois, 86% des Français aimeraient vivre demain dans une société où la consommation prend moins de place.1
Le vendredi 29 novembre, le Black Friday est une journée de soldes extrêmes qui submerge le marché, un mois avant les fêtes de fin d’année. Tout le monde a en tête ses ruées au moment de l’ouverture des magasins où malheureusement de nombreux accidents sont à déplorer chaque année.
Cette pratique provient des Etats-Unis et est associée au début des achats de Noël, le lendemain de la Thanksgiving. Elle a été introduite en France en 2013 par Apple avec des promotions sur les ordinateurs et les smartphones.
En ce mois de novembre qui commence, le Black Friday est-il une bonne affaire ? Comment sensibiliser les consommateurs ? Quelles alternatives émergent ? Ainsi, quel avenir pour le symbole de la surconsommation véhiculé par ce vendredi noir ?
Le Black Friday, une véritable bonne affaire ?
L’année dernière, une étude d’UFC Que Choisir a montré que les prix d’origine pour faire le calcul du rabais appliqué ne sont en réalité pas des prix réels.[3] L’exemple de ce lave-vaisselle Whirpool (Figure 1) vendu avec une réduction affichée de 229 euros alors que ce même lave-vaisselle était déjà vendu à 319 euros le mois précédant le Black Friday illustre bien ce décalage entre réduction réelle et virtuelle. En effet, le montant de 549 euros donné comme référence correspondait au prix conseillé par la marque deux ans auparavant. De manière générale, il apparaît qu’au-delà de 10 ou 20% de remise, les promotions sont rarement véridiques.
Lancés il y a quelques années pour concurrencer le Black Friday, les French Days semblent utiliser les mêmes méthodes de calculs de réduction peu rigoureuses.[4]
Comment sensibiliser les consommateurs ?
Face à une prise de conscience écologique de plus en plus forte de la population, comment sensibiliser à la surconsommation sans stigmatiser les consommateurs ?
Plusieurs collectifs se sont créés pour lutter contre cette consommation de masse. En France, le Green Friday[5] est un collectif citoyen regroupant des entreprises et des associations souhaitant sensibiliser les consommateurs à travers la surconsommation. Ce collectif est soutenu par la Ville de Paris et rejoint par Emmaüs France, Zero Waste France ou encore HOP (Halte à l’Obsolescence programmée).[6] Des actions de sensibilisation sont mises en place pendant cette journée et les fonds collectés sont reversées aux associations partenaires.
De son côté, cette année, la marque Faguo a regroupé autour du collectif Make Friday Green Again plus de 450 marques pour contrer le Black Friday[7],[8]. Ce collectif appelle quant à lui, à prendre conscience que l’acte de consommer est un acte politique : consommer, c’est voter. Ainsi, les citoyens doivent s’engager pour une consommation durable et responsable.
Quelles alternatives émergent ?
Nature et Découvertes organisera cette année la deuxième édition de son Fair Friday où la préservation de la biodiversité est mise à l’honneur. Outre des ateliers de sensibilisation, des sachets de graines seront distribués pour l’arrivée de l’hiver et il y aura des promotions pour les nichoirs et les mangeoires. Enfin, des dons seront proposés en faveur de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).
Depuis trois ans, la Camif, entreprise française spécialisée dans l’équipement de la maison et des particuliers ferme son site de vente en ligne le jour du Black Friday pour cause d’urgence climatique et d’alignement avec ses valeurs.[9] Elle a été la première marque à boycotter totalement cette journée en 2017 et est maintenant rejoints de plus en plus d’entreprises françaises.
Le site de mode responsable WeDressFair fermera son site internet et sa boutique à Lyon. Basé sur les résultats du baromètre Greenflex 20191, sept affiches de communication ont été créés pour prendre conscience que la surconsommation n’est pas une fin en soi (Figure 2). Vendredi 29 novembre, des ateliers gratuits seront notamment organisés pour apprendre à réparer soi-même ses vêtements et ainsi allonger leur durée de vie.
Malgré un engagement croissant des marques, ces actions semblent bien dérisoires face à la « black tide » ou marée noire de consommation qui va secouer le monde le 29 novembre prochain. La réponse ne doit pas être seulement attendue du côté des marques mais venir également de l’engagement individuel des citoyens. Et vous, en tant que consommateur, quel avenir choisirez-vous de donner à la surconsommation ?
–
Références
[1] https://positivr.fr/black-block-friday-wedressfair/
[2] https://www.la-croix.com/Economie/France/Le-Green-Friday-alternative-ecolo-surconsommation-2018-11-23-1200985037
[3] https://www.quechoisir.org/actualite-black-friday-2018-la-foire-aux-fausses-promos-n60685/
[4] https://www.quechoisir.org/actualite-french-days-septembre-2019-la-laborieuse-chasse-aux-vraies-promotions-n71059/
[5] https://www.greenfriday.fr/
[6] https://positivr.fr/black-friday-trois-alternatives-ecologiques-et-responsables/
[7] https://www.linfodurable.fr/conso/make-friday-green-again-lanti-black-friday-se-prepare-14633
[8] https://www.faguo-store.com/fr/2019/11/faguo-reunit-450-marques-francaises-dans-un-collectif-make-friday-green-again/
[9] https://www.camif.fr/lesbelleshistoires/pas-de-black-friday-deconnecte.html