par Virginie Alziary

 

Aujourd’hui, je partage avec vous la lecture d’un ouvrage, publié il y a quelques mois, en décembre 2018 aux Editions du Cherche Midi, intitulé « Manifeste pour les nouvelles ressources, un autre monde est possible ».

Bâti autour de la réflexion d’experts sur le thème de l’Économie Circulaire, l’écrivain et essayiste Eric Orsenna, un des nombreux co-auteurs de cet ouvrage, propose un voyage dans l’univers des solutions concrètes et techniques de recyclage et de valorisation des déchets dans plus de 25 sites industrielles ou start up du Groupe Suez, en Europe comme dans quelques pays émergeant. Et c’est ce Recycle Trip, sans empreinte carbone garanti, que je vous propose de synthétiser, en faisant en sorte d’éviter au maximum l’effet soporifique d’une énième « liste à la Prévert » !

 

En Europe…

Au cœur d’une plateforme de recyclage de literie : en France, chaque année, 1,3 million de tonnes de produits mobiliers ménagers sont abandonnés dont 80 000 tonnes de déchets de literie, représentant 4 millions de matelas et sommiers. Pour permettre le recyclage de matelas, sur le site de Langon, en Gironde, 3 étapes industrielles sont nécessaires : tout d’abord, l’hygiénisation, qui consiste à faire chauffer, dans un four spécifique, les matelas, à haute température, afin de les assainir au maximum ; puis vient l’étape du démantèlement ciblé, pour les matelas à ressort d’une part et pour les matelas à mousse d’autre part et enfin la 3ème et dernière étape : le tri et la mise à balle des matières récupérées. 120 matelas par heure sont ainsi traités et 90% de leurs composants peuvent être ainsi recyclés.

Transformer le pain invendu en éthanol : en Suède, à proximité de Goteborg, l’usine ST1 génère, chaque année, à partir de pain invendu, qui était auparavant brulé ou jeté, 5 millions d’Etanolix, une nouvelle sorte d’éthanol. Comment ? C’est très simple : à partir de la quantité de sucre, extrait de ce pain. Les matières grasses et autres protéines extraites servent également aux éleveurs pour nourrir leurs animaux ; créant ainsi une autre boucle de recyclage : l’agriculture produit des céréales, servant à produire du pain qui, qui sera consommé ou recyclé en aliments pour animaux : la boucle est donc bouclée !

Du plastique au plastique : au Pays-Bas, dans la petite ville de Geleen, le site Polymeerstraat possède une capacité de recyclage de 36 000 tonnes de plastique de type PP et PEHD, par an. Comment ? En transformant d’abord le plastique livré en petites pétales multicolores de 2 à 3 centimètres, grâce à un nettoyage, un séchage et un fin découpage. Ces petites pétales sont ensuite chauffées et fondues, avec l’aide de quelques additifs pour obtenir une sorte de granulés grisâtres. Cette nouvelle et même matière granuleuse possède désormais les mêmes qualités que les granulats extraits de raffineries !

 

Comme dans quelques pays émergents…

Comment éviter de polluer l’Atlantique au Maroc ? Dans la région de Casablanca, une station antipollution d’eau appelée Eaucéan a été inaugurée en 2015 et traite aujourd’hui plus de 400 000 m3 d’eaux usées chaque jour. Comment ? Le fonctionnement est simple : des galeries souterraines permettent de faire circuler et ainsi récupérer toutes les eaux usées, qu’elles soient domestiques ou industrielles, de la région, vers la station Eaucéan, pour les traiter, d’abord, en retirant les plus gros déchets, puis ces eaux sont dessablées et dégraissées avant d’être rejetées dans l’Atlantique.

Les pneus montrent l’exemple au Sénégal : 6500 tonnes de pneus usagés (1 tonne de pneus correspondant à 133 pneus soit l’équivalent de 850 000 pneus) entrent chaque année à Dakar, en provenance d’Europe, pour un nouveau cycle d’utilisation, liée à une réglementation locale moins exigeante.

Une fois ces pneus complétement hors d’usage, la start-up E-Cover intervient alors pour recycler le caoutchouc de ces pneus à destination d’entreprises de fabrication de matériaux de construction (pour leur propriétés étanches), de revêtement de sol ou encore pour la fabrication de semelles de chaussure. Au départ broyés grâce à des hachoirs à viandes, ce moyen de recyclage a aujourd’hui heureusement évolué pour produire à présent des carreaux de caoutchouc amovibles, antidérapants et étanches.

L’exemple indien de Waste Ventures India : basée à Hyderabad, cette start-up a créé et propose une application pour smartphone permettant aux particuliers de la ville, de se mettre en relation avec tout type d’entreprises de récupération de déchets, afin de leur demander de venir récupérer leurs déchets directement à domicile. L’application permet de structurer le réseau de collecte et de constituer des filières de recyclage par type de matériau (stratifié, plastique flexible, papier, métaux…)

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