par Reuben Fisher (RSEDD 2018)
NON, ceci n’est pas un “publi-rédactionnel”
Ci-dessous une partie de mon cheminement physique vers l’école des Mines, lundi 15/10/2018, premier jour dans le cadre de mon Mastère RSE DD…
Les couleurs différentes du tracé correspondent aux relevés effectués par un appareil accroché à ma sacoche, plus petit que mon téléphone portable, qui trace la qualité de l’air partout où je l’emmène.
PM 2.5, PM10, N02, VOC
Regardons ce que sont les différents items mesurés. Les PM sont les “particle matters”, en Français particules fines ou microparticules, & le chiffre 2.5 ou 10 indique la taille en microns. Ci-dessous une illustration permettant de mieux comprendre ce que donne cette taille en microns par rapport à certains repères :
Le symbole chimique NO2 désigne le dioxyde d’azote, & VOC veut dire Volatile Organic Compounds, ou composé organiques volatiles en français. Dans ce regroupement, il y a plusieurs types de polluants
- Les BTEX (benzène, toluène, éthyle benzène, m+p xylène et ortho xylène), autrement appelés HAM (Hydrocarbures aromatiques monocycliques).
- Les HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques), notamment le benzo(a)pyrène.
- Les aldéhydes, dont le formaldéhyde, polluant principalement relevé en air intérieur.
Causes
Les composés organiques volatils sont libérés lors de l’évaporation des carburants, par exemple lors du remplissage des réservoirs, ou par les gaz d’échappement. Les émissions d’oxydes d’azote (monoxyde d’azote plus dioxyde d’azote) apparaissent dans toutes les combustions, à haute température, de combustibles fossiles (charbon, fuel, pétrole…). Les PM sont causées par la transformation d’énergie par l’industrie (31 %) ; la combustion de bois pour chauffer les habitations (30 %) ; l’agriculture avec l’utilisation d’engrais (20 %) ; et les transports, du fait notamment de la combustion de diesel (15 %).[1]
Pour comparer les mesures affichées sur l’application, voici les recommandations:
- PM10 – seuil d’alerte 80 (μg/m3) en moyenne journalière pour un pic de 126 relevé.
- Pour les PM2,5, il n’y a pas de réglementation. L’Union européenne a fixé son objectif de qualité à 20(μg/m3) en moyenne sur l’année.
- Pour le NO2, le seuil d’alerte est à 400 (μg/m3, sur 3 heures consécutives)[2]
- Pour les COV, il n’y a pas de seuil général d’exposition.
Impacts
On peut se référer à plusieurs études, dans différents pays. En Angleterre, on pense que la pollution de l’air est responsable de 40 000 morts par an[3]. En Chine, des tests récents démontrent une baisse des facultés cognitives (tests verbaux & tests de maths) suite à une exposition à la pollution de l’air[4].
Selon l’illustration ci-dessous, disponible sur Airparif, on voit une augmentation assez directe & immédiate des décès quand les taux de N02 & de PM augmentent. Un entretien en date du 27 Octobre 2018 du responsable de l’OMS indique que la pollution de l’air cause maintenant plus de mortalités que le tabac – entre 7 & 9 millions de morts par an[5].
Scoop: l’air qu’on respire peut être pollué
Donc l’air que j’ai respiré était parfois pollué, on pouvait s’en douter! Alors pourquoi s’équiper d’un appareil de mesure pour le confirmer?
- Les données de mon appareil sont agrégées & vont contribuer à créer une cartographie plus détaillée de la pollution de l’air en temps réel & à un niveau micro.
- Cela peut permettre de prendre en compte les données, & par exemple la prochaine fois que je viens à l’école des Mines, je vais essayer d’emprunter des axes moins passants!
- L’air pollué n’est pas forcément là où on pense : ci-dessous une photo de la campagne où je vais courir :
4. Surtout, à mon sens cela permet d’individualiser un problème général, & donc de se l’approprier pour agir.
Cela peut contribuer à nous permettre, citoyens, de faire valoir le droit de respirer un air qui ne nuit pas à la santé. Nous commençons en effet à voir les premières actions en justice (par exemple RESPIRE & ESF qui assignent l’état français pour carence fautive) pour revendiquer le droit à respirer un air propre.
Lundi 14/10/2019 pour me rendre à l’école des Mines, j’ouvre mon application « Air -Wave » – le « Waze » de l’air- qui m’indique le meilleur chemin à prendre pour respirer l’air le plus sain de Paris pour mon trajet piéton. Je vais probablement y croiser beaucoup de cyclistes, de trottinettes électriques, des parents avec poussettes, car l’application est déjà téléchargée par plusieurs millions d’utilisateurs quotidiens…
[1]https://www.citepa.org/fr/
[2]https://www.airparif.asso.fr/reglementation
[3]https://www.rcplondon.ac.uk/projects/outputs/every-breath-we-take-lifelong-impact-air-pollution
[4]http://www.pnas.org/content/115/37/9193
[5]https://www.theguardian.com/environment/2018/oct/27/air-pollution-is-the-new-tobacco-warns-who-head
merci Reuben, très intéressant. Au delà de l’aspect pédagogique de l’outil et de son usage, 2 questions que je me pose : la précision de la mesure du capteur et ses potentielles dérives/perturbations afin d’estimer le niveau d’incertitude / validité d’une différence. Les exemples que tu rapportes posent la question des sources de polluants en fonction des milieux (urbains ou pas, indoor out door, …). A suivre 😉